mardi 22 mars 2011





La semaine dernière j'ai vu un film que je recommanderais à personne, un film lent & interminable qui m'a fait réaliser à quel point ça doit être une aventure incroyablement frustrante que d'apprendre le farsi. Bref. La seule bonne chose du film, la seule chose que j'ai aimée, celle qui m'a fait croire au tout début début que peut-être il y aurait, à défaut d'une intrigue palpitante ou de grandes émotions crève-coeur, quelque chose comme une poésie tranquille, délicate, posée dans ce film, la seule que j'ai aimée c'est une scène où une voiture passe entre les énormes rouleaux-éponges d'un lave-auto & que deux personnes, des silhouettes floues barricadées à l'intérieur de la voiture comme dans un cocon, écoutent une espèce de musique lancinante qui pourrait ressembler à du raï mais qui l'est probablement pas, je sais pas. Re-bref. Ça m'a rappelé mon père, qui m'amenait au lave-auto quand j'étais petite, toujours à la fin des longs dimanches d'été, & qui me faisait écouter du Cat Stevens par-dessus tous les grondements & les vrombissements des jets d'eau, & comment j'aimais tellement, tellement regarder les gouttes zigzaguer violemment sur la surface des fenêtres en chantant oh very young avec un accent maladroit.

Une autre chose que j'aime : me retrouver avec une quantité ridiculement petite de monnaie étrangère, genre cent vingt-sept roubles, genre sept livres & vingt-cinq, juste assez peu d'argent pour que ça vaille plus la peine de passer au bureau de change ; m'y résigner joyeusement & tout dépenser en bonbons trop chers dans les magasins de l'aéroport, juste après avoir passé la sécurité.



vendredi 18 mars 2011





...aaah, je dois être à l'aéroport dans pas très longtemps, mais! J'ai reçu tout plein de courriels cette nuit & vraiment je sais pas ce qui s'est passé pour que l'accès au blog soit restreint -- mais je crois que maintenant c'est réglé.

Je croise les doigts & je retourne squeezer mon shampooing dans un minuscule petit contenant de moins de 100 millilitres.



jeudi 17 mars 2011





Vendredi dernier, c'était la journée où je suis arrivée chez moi, très tôt le matin, pour me rendre compte que dans la cuisine ça sentait le poisson & que la moitié de la vaisselle était pas faite & que la moitié qui était faite était mal lavée.

C'était aussi la journée où j'avais trois heures pour repasser derrière les dernières corrections du manuscrit, pour essayer d'expliquer au réviseur linguistique pourquoi je veux pas de huit virgules pour encadrer quatre compléments circonstanciels.

J'avais seulement trois heures parce qu'à 10h30 je devais prendre le train pour Montpellier, un aller-retour en une journée pour une toute petite chose désagréable mais importante.

Dans le train j'ai fini un recueil de nouvelles de Banana Yoshimoto &, pendant une centaine de pages, je me suis sentie toute seule dans le wagon.

Ensuite j'ai vu qu'à côté il y avait des légionnaires, des vrais légionnaires de la Légion étrangère!, un Roumain & un Bosniaque & un Congolais à casquette blanche, carrée, très XIXe siècle, qui allaient à Nîmes & qui ne parlaient pas très bien français, qui mirent de longues minutes pénibles à négocier leurs billets de train au contrôleur. Devant il y avait des vieilles dames qui s'indignaient au-dessus d'un article de journal, quelque chose sur le fait que le FMI aurait approuvé l'essor du secteur privé en Lybie vers la mi-février. Je me suis dit comme si on avait besoin d'une autre preuve que le FMI c'est de la marde & j'ai passé le reste du trajet à espionner distraitement la conversation insipide mais joyeuse d'une mère & de sa fille qui, derrière moi, parlaient du coiffeur qu'elles verraient toutes les deux à Montpellier, une à la suite de l'autre, & de la couleur que leurs cheveux prendraient, & si ça ferait plutôt ressortir le vert ou le marron de leurs yeux.

À Montpellier il y a cinq flots de douze ans qui m'ont filée pendant quarante-cinq minutes dans les petites rues du centre jusqu'à ce que, excédée, je me retourne pour leur dire que okay, vous me gossez, décâlissez. Ça a marché, je sais pas pourquoi. Peut-être qu'ils pensaient que je parlais un argot plus avancé que le leur.

Dans le train du retour il y avait une fille qui fredonnait House of the Rising Sun. Elle était juste derrière moi & la première fois j'ai trouvé ça beau, la première fois je trouvais ça poétique & joli & parfait, mais après la quarante-sixième fois j'avais envie de la frapper.

Vendredi dernier je me suis traînée de la gare jusque chez moi en repensant à toutes les virgules du manuscrit qui ponctuaient mes phrases de travers, qui hachait le rythme en tout petits morceaux indigestes, mais qui valaient probablement pas toutes les angoisses que je tissais depuis le matin, de la gorge jusque dans le creux du ventre.

Mais ça c'était vendredi dernier & ce vendredi, vendredi qui est demain, ce vendredi je prends l'avion & je vais à Londres & je suis jamais allée à Londres. & j'ai hâte. & j'achèterai sûrement au moins un truc kitsch à l'effigie de Kate & William, parce que comme ma grand-mère m'a répété trois fois au téléphone la semaine dernière, une roturière dans la famille royale, it's quite the revolution.



lundi 7 mars 2011





Il fait quinze degrés celsius & j'ai une nouvelle chanson préférée.







Sinon j'ai eu une fin de semaine de cathédrales & d'amour, de mauvais films d'horreur à la télé, de la première crème glacée mangée dehors au soleil, de voyages en train & de livres dévorés en regardant distraitement le paysage couler par la fenêtre, de champagne le vendredi soir & de thé noir au citron le dimanche après-midi & de café instantané le reste du temps.

& il y aurait beaucoup de choses à en dire, mais pas aujourd'hui.