mardi 7 juin 2011





Lorsque tu te tends au-dessus de mon corps à demi endormi pour atteindre le livre qui somnole sur la table de chevet, toute la surface de ton bras me frôle & le lit tangue comme un bateau & moi, à ce moment exact où ma tête crève la surface du sommeil comme on se hisse hors de flots, moi j'aurais envie de partir en mer avec toi.

Mais bien sûr je me rendors, bercée par les choses que je t'imagine lire tout bas, & lorsque je m'éveille à nouveau il est trop tard, la douche a raclé de sur ta peau toutes les odeurs du sommeil & il ne me reste, plutôt que de te parler d'expéditions maritimes & de voyages improvisés, qu'à lécher les gouttes d'eau qui s'accrochent encore à tes clavicules.




J'ai eu la brillante idée de m'inscrire à un cours de statistiques par correspondance & je passe donc le gros de mes temps libres à ré-apprivoiser ma vieille calculatrice scientifique & les esties de formules de probabilités. Mais hier en marchant vers la bibliothèque je me suis dit que ça sentait l'été, le gazon fraîchement coupé qui a séché au soleil, que dans l'air il y avait ces petits bruits frais, nouveaux, des milliers de sandales qui claquent contre l'asphalte brûlante & le périple presque silencieux des gouttelettes de sueur dans le décolleté, & je me suis dit qu'il me restait encore à acheter une boîte de popsicles, orange fraise raisin même si j'aime pas le raisin, & à les laisser s'égoutter tranquillement au-dessus de mon bloc de papier quadrillé.