mercredi 10 août 2011





Le mois d'août c'est toujours la même chose, c'est le moment de l'année où j'ai envie de me téléporter dans une nouvelle ville où je ne porterais que des couleurs que je ne porte presque jamais, des jaune moutarde & des verts très verts & des bleu marine dans lesquels je peux pas m'empêcher de m'empêtrer, toujours, & d'appeler bleu marin.

& ce qu'il y a bientôt c'est une nouvelle ville, en septembre, juste à temps pour ma première rentrée scolaire en quatre ans (SEIGNEUR), mais juste avant il y aura la fin de mon contrat (& c'est enthousiasmant, les fins de contrat m'enthousiasment toujours, elles me donnent l'impression de me voir offrir la chance de recommencer de grands pans de ma vie -- alors que non, seulement le chômage qui me dit qu'encore une fois cette année j'ai travaillé trop d'heures en dehors du pays pour pouvoir toucher quoi que ce soit) & il y aura aussi les États-Unis, ça fait longtemps que je suis pas allée aux États-Unis, & j'y ai jamais été avec autant de choses dans le coeur, des choses délicieusement douces & déjà merveilleusement nostalgiques, & ça donne tout une auréole de, je sais pas, quintessence américaine! aux endroits dans lesquels je me projette déjà, y compris l'estie d'auberge sketchy de Brooklyn & les coquerelles qui en ont ou n'en ont pas fait leur demeure.




Sinon, qu'est-ce que je lis en ce moment? Je me relis certainement pas, ça c'est sûr, j'ai des bouts d'histoires qui traînent partout & qui me donnent un peu mal au coeur chaque fois que j'y pense, dont une où j'ai très maladroitement essayé de faire un parallèle entre vie de quartier & ne pas faire de quartier, en plus ça parlait d'une bibliothèque, bref, le nombre de choses que j'essaie & que je rate, plus rien peut me tuer.

Mais! Pour ce qui est de mes lectures, cet été j'avais l'intention d'engloutir une ou deux (possiblement trois ou quatre) grosses briques indiennes, celles qui comme A Suitable Boy passent allègrement le cap des mille pages, dans un effort un peu plus constant de lire autre chose que des auteurs blancs/nord-américains/ouest-européens, & aussi parce que comme les bons trois quarts des gens qui voyagent j'aimerais un jour aller en Inde, idéalement après être retournée en Russie pour faire le Transsibérien (& après la Corée du Sud, & la Chine, & peut-être l'Indonésie & sûrement le Brésil, on s'entend que je mourrai pauvre & perdue en terre étrangère). Évidemment, les éléphantesques romans indiens, ça s'est pas fait. J'ai lu de façon éparpillée, une espèce d'histoire des Roms récemment & beaucoup de romans québécois, la brique de Vargas Llosa que la bibliothèque m'a forcé à acheter parce que j'en avais accidentellement gondolé les pages, plein de bonnes choses & quelques mauvaises aussi, forcément. Si je pense à mes lectures je pense à mon été, qui en a été un d'exubérance fébrile & d'angoisses légères (quoique plus lourdes chaque fois que j'ai eu à penser à mon cours de statistiques par correspondance), & probablement ça reflète ma façon de choisir les livres à lire, en renonçant à contenir l'hyperactivité qui me secoue les membres depuis la mi-juin, l'envie de tout faire en même temps, la tentation de s'enrouler avec ferveur dans les moments qui deviendront des souvenirs.




Je pense à la tasse bleue dans laquelle je bois du café tous les jours au travail, une seule minuscule petite tasse de café & c'est tout, en fait c'est la seule tasse que j'ose prendre dans l'armoire commune de la cuisinette parce que je traîne l'impression infondée que toutes les autres sont déjà secrètement revendiquées par des collègues d'une ancienneté respectable, je pense à cette tasse & je me dis qu'il est temps de partir. Il y a quelque chose d'insidieux dans la tendresse mal placée, la tendresse inutile qu'on peut avoir pour un objet.

Alors il est temps de partir, & de faire des boîtes, & surtout de faire le tri dans toutes les milliers de choses en trop dont j'ai envie de me départir. Cette fois-ci je pars parce que je redoute encore de m'appesantir, & parce que je veux rester légère juste encore un tout petit peu.