dimanche 14 décembre 2008










Deux tempêtes en une semaine & les trottoirs ne sont plus qu'un vague souvenir dans la mémoire collective.



C'est tout plein de choses: descendre à petits pas les pentes glissantes du quartier St-Jean-Baptiste & prendre l'ascenseur du Faubourg pour atterrir en Basse-Ville où les voitures zigzaguent sur de la Couronne en évitant les grandes plaques de glace noire que le sel des cols-bleus ne réussit pas à gruger. Faire du café trop fort & passer toute la journée à en réchauffer des demi-tasses. Tricoter de gros bas de laine exactement comme une petite grand-mère, un samedi soir paresseux devant de vieux films. La noirceur qui envahit les pièces froides dès quatre heures & quart, pas moyen d'y échapper mais pourquoi, de toutes façons, pourquoi s'y essayer?


jeudi 13 novembre 2008









Il y a un moment que j'aime, & c'est celui où le matin filtre à travers les fenêtres givrées de ma chambre à coucher.

C'est un novembre gris qui pèse sur mon front, sur les veines bleues qui strient mes tempes, mais dans la chaleur de mes couvertures il y a quelque chose de très ensoleillé, surtout lorsque le cadran n'indique que cinq heures & que j'ai ce soulagement immense, cette permission de m'entortiller dans les draps pour encore une heure ou deux.




dimanche 9 novembre 2008




[photo: virués de segovia]



Aujourd'hui il y a une grande parade sur Saint-Joseph & quand j'ouvre la fenêtre de la cuisine j'en entends les échos, la musique de Noël & les bruits de tous ces gens pressés les uns contre les autres. J'ouvre la fenêtre parce que dehors il fait doux, parce que pour un mois de novembre gris il fait vraiment très chaud, & parce que l'appartement accumule depuis une semaine de l'air sans cesse recyclé. Mes plantes étouffent.

Quand je lis Alice Munro c'est toujours sur un coin de table, en frôlant du bout des doigts une tasse de café brûlante -- la première gorgée trop amère & trop chaude, qui colle au palais avant de déchirer la gorge. Mais tout doucement.

Ces temps-ci j'aime les gens qui sont loin, beaucoup, & encore plus ceux qui m'oublient. Ça me fait un malaise qui a quelque chose de joli.


dimanche 2 novembre 2008




[photo: oddviolet]



Forget technique, forget Greek prosody, forget trying to impress us with your erudition. Life is what impresses us. Give us life in your poetry, raw and beautiful and - above all - honest, and we will forgive you any number of faults.
-- Jane Holland


J'ai lu
The Book of Lost Things presque d'une traite, tout un samedi pluvieux nichée au creux de ma causeuse, & c'est une histoire presque aussi jolie que le titre. Des contes de fée très noirs & des enfants perdus & quelque chose de délicieusement vieillot, de très sanglant & de très doux. C'est difficile d'expliquer à quel point j'aime les livres qui me font sentir toute petite.



Vendredi je revenais de l'épicerie, je balançais mon sac de pommes d'avant en arrière; je suis passée près de la buanderie & j'y ai vu deux garçons qui jouaient aux échecs. & puis tout ça - les pommes très rouges, les grandes vitres embuées de la buanderie, la fin de semaine qui naissait dans le froid du dernier jour d'octobre - c'était d'une joie comme un goût de menthe dans la bouche.



jeudi 23 octobre 2008


Au travail il y a une tasse de TQS autographiée par Jean-Luc Mongrain, & c'est peut-être la chose la plus drôle au monde.

samedi 18 octobre 2008




[photo: krisatomic]


Faire glouglouter la cafetière en observant les couleurs de la lumière lorsqu'elle se glisse à travers le rideau de la cuisine; poser un roman sur le coin de la table & en lire une à une les phrases. Verser le café dans une tasse d'un bleu qui tire sur le turquoise, toujours la même, & me dire en repoussant une mèche de cheveux gras qu'il serait temps de prendre une douche. Ne pas le faire. Demeurer tranquille dans le petit matin, les omoplates réchauffées par un carré de soleil.


Pour l'automne je me suis dit que je relirais les Malaussène de Pennac & c'est une entreprise qui mobilise toutes les ressources du réseau des bibliothèques de Québec -- les listes d'attente, les prêts inter-bibliothèques, le monsieur surmené au comptoir des réservations. Mais j'en suis au deuxième tome & ça me fait une lecture tellement réconfortante que je m'y enroulerais.





La politique c'est pour moi très près & très intéressant, quoique particulièrement désolant.


À quinze ans j'avais de grands élans de toutes sortes de choses mais surtout d'indignation, & je me suis jurée que je ne serais jamais cynique. Je l'ai griffonné dans un cahier & j'y pense souvent, surtout ces temps-ci. Je ne comprends plus très bien ce que je m'étais promis de ne pas faire.