mercredi 19 mai 2010





Depuis quelques jours j'essaie de retrouver un passage de Tout ce qui brille que j'avais recopié dans un cahier, ça parlait de quitter ou d'être quitté, comme quoi les deux sont difficiles mais qu'initier l'abandon c'est peut-être plus léger, je sais pas, une douleur moins massive parce que partir c'est un mouvement, ça déchire mais au moins ça ne donne pas l'impression de stagner.

Je suis pas certaine d'être d'accord.




J'habite dans l'appartement d'une amie qui est partie pour l'été, quatre mois en Équateur. Dans un coin du salon il y a un bébé aloès déjà géant que je vais sûrement assassiner par inadvertance d'ici fin juin ; juste en face il y a aussi une toute petite télé à oreilles de lapin, qui réussit de peine & de misère à capter un poste & demi. Le matin j'allume la radio & j'écoute la belle voix posée de Raymond Poirier à CKRL (Raymond! tu m'as manqué gros comme ça) en lavant la vaisselle du soir d'avant. Le carrelage est toujours froid sous mes pieds nus & je me traîne d'une pièce à l'autre en cherchant quoi lire, en cherchant exactement le livre qu'il me faudrait à ce moment-ci de ma vie. À l'aéroport de Francfort j'avais acheté un roman de Nick Hornby en me disant que peut-être ça me remonterait le moral, mais finalement c'est tellement fondamentalement réaliste que c'en est insoutenable, je suis pas capable de passer le cap des cinquante pages. J'ai une dégueulasserie de chagrin dans le fond de la gorge & je suis encore convaincue qu'il y a que les bons, que les très bons livres qui puissent me soulager ; j'arrive pas à décider si c'est incroyablement idéaliste ou horriblement pathétique.




Hier après-midi avec le copain américain de Porcelaine, à faire des dizaines & des dizaines de commerces pour lui trouver un travail au noir. Après quelques heures nous nous asseyons dans le Parc Victoria & il me dit avec son accent maladroit que tu sais Amélie, tout always turns out all right in the end. & moi je dis je sais, je sais mais the end just seems awfully far away.



4 commentaires:

  1. LA DÉCOUVERTE DU MONDE de Clarice Lispector.

    Amélie, j'te jure, ça va être magique.

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  2. Tu peux aussi essayer, dans un tout autre ordre d'idée, « le parlement des fées » de John Crowley (mais c'est meilleur en anglais: « little big »). Je te jure, ça a l'air fantastique comme ça, mais ça ne l'est pas complètement, c'est juste un texte très très lent et doux. Il faut s'armer de patience, mais c'est magnifique. Comme si ça parlait de soi, mais... autrement.

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  3. p.17, Amélie.

    "Abandonner n'est pas moins douloureux qu'être abandonnée. Seulement, l'abandon est un geste, un mouvement, une manière de voyager la douleur qui donne l'impression d'y échapper."

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  4. Merci beaucoup, Anna & Audrée. Beaucoup beaucoup.

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