samedi 27 mars 2010





Il y a Porcelaine qui cogne à ma porte les lendemains de veille, pour m'offrir un café Bailey's & des cernes encore plus impressionnants que les miens. Il y a tous mes vêtements imprégnés de fumée de cigarette, que j'étends chaque soir sur les radiateurs de la chambre pour essayer d'en extirper l'odeur. Il y a les patates au four, les meilleures patates du monde, fourrées au beurre & au fromage & au crabe, mangées très tard le soir, très tôt le matin, dans des kiosques à l'hygiène douteuse où les employées s'endorment sur leur petit banc dur entre deux clients. Il y a le premier métro de cinq heures & six minutes, à côté d'un Écossais de vingt ans qui me prête un écouteur pour que nous écoutions ensemble Don't Look Back In Anger, une seule fossette dans sa joue gauche, encore aussi ronde que celle d'un petit garçon. Il y a Kyoto & son enthousiasme débordant, irrépressible, pour La Lambada. Il y a trois bières & demie gratuites & le serveur qui s'appelle Aladdin, vraiment, & qui me dit toi aussi, toi aussi comme le film!. Il y a les journées passées à se recoucher, & à repasser dans ma tête toutes les choses que je veux pas oublier. Il y a Dickens, j'ai même pas encore terminé Dickens, il y a Dickens qui fait dire à Esther Summerson que I had never known before how short life really was, & into how small a space the mind could put it.

Cet été j'habiterai dans Saint-Roch, Saint-Roch de mon coeur, & en septembre je déménagerai chez Porcelaine, & dans notre appartement il y aura son horloge achetée au marché Novoslobodskaïa, cette horloge formidable où Medvedev & Poutine se regardent avec tout le sérieux présidentiel qu'ils possèdent, & nous l'accrocherons juste au-dessus du divan du salon, divan où Juillet viendra s'affaler contre moi, pour boire du café noir le matin & fumer des joints roulés serrés le soir, & dessiner des vagues de son doigt sur mes avant-bras, & écouter des chansons tristes sans s'attrister tout à fait, & construire des souvenirs, & s'embrasser quand on aura rien de mieux à faire, ce qui sera souvent, ce qui sera tout le temps, ce qui sera le plus près possible de toujours.




Parce que les tronçonneuses semblent être une constante dans ma vie, hier matin je me suis éveillée & tout de suite j'ai vu un homme qui en maniait une juste devant ma fenêtre. J'habite au cinquième étage, & c'était le réveil le plus horriblement désagréable & le plus ridiculement surprenant de toute ma vie.



6 commentaires:

  1. C'est tellement donc trop beau, comme toujours Amélie, comme toujours.

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  2. Hoping to hear from you after today's events in Moscow.
    Are you ok?

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  3. Même chose ici. On veut avoir de tes nouvelles le plus vite possible.

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  4. Oui, oui, est-ce que tout va bien? Écris, juste une ligne ou deux, question de nous dire que t'es ok.

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  5. ok, sérieusement.. je commence à devenir freak genre je clique clique ici mille fois par jour!

    :(

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