mardi 20 octobre 2009






Hier je me suis souvenue :

Un soir avec Unai dans l'appartement rue Crémazie, celui qui n'était pas vraiment à moi ; nous montons sur Cartier, au Métro sur Cartier, pour acheter de la bière. Je dis que j'ai faim & Unai me suggère d'acheter, entre toutes les choses possibles & imaginables qu'une fille peut acheter dans une épicerie à neuf heures & demie du soir, des carottes. Je fais une drôle de grimace & il ne comprend pas, me dit mais c'est bon des carottes, tu peux les prendre bio & pas t'empoisonner!.

Plus tard dans l'été il y aura un peu la même situation, un peu la même question, & Juillet me demandera on s'achète-tu de la crème glacée au chocolat? & moi je penserai, finally a boy after my own heart.




À Moscou il y a le théâtre Bolshoï -- le théâtre impérial sous les tsars, là où Tchaïkovsky a présenté son Lac des Cygnes pour la première fois, alors à cause de tout le poids historique de l'endroit ça coûte maintenant à peu près trois bras & demi pour assister à un spectacle. Mais! Comme c'est la Russie & qu'en Russie il y a toujours toujours toujours de petits vestiges socialo-communistes quand on sait où les chercher, le Bolshoï réserve, à chaque soir de représentation, une cinquantaine de billets pour les étudiants. Les sièges sont au deuxième balcon & souvent ils sont pas très bons, à peu près vis-à-vis des extrémités de la scène, mais! Ils coûtent seulement cinquante roubles, c'est-à-dire environ un dollar & demi, & puis tout le monde sait que les torticolis sont hautement bénéfiques pour la jeunesse russe. (Ça leur forge le caractère.)

Jeudi soir Kyoto devait avoir un examen de droit international mais il a mystérieusement été reporté (le mystère accompagnant chacune de nos journées ici) alors nous avons décidé de célébrer en allant au Bolshoï. Après avoir pris le métro en plein dans le pire de l'heure de pointe (...& donc avoir manqué finir mortes asphyxiées dans la foule agglutinée au pied des escaliers roulants), nous avons acheté deux billets sans trop savoir ce que nous verrions -- & finalement c'était un opéra, & c'était Macbeth, & Macbeth c'est ma pièce préférée de Shakespeare, zéro compétition. Alors j'étais très contente. Mais comme beaucoup d'opéras celui-ci était en italien, avec les sous-titres russes qui défilaient en haut de la scène -- & ça m'a fait un peu bizarre d'être venue à Moscou pour entendre raconter en italien une histoire qui se déroule en Écosse. Mais c'était aussi très beau, dans la grande salle vert & or, avec l'orchestre qui jouait en bas & les Russes trop extrêmement bien mis assis au parterre. Au plafond il y avait un lustre énorme, composé de milliers & de milliers de petits éclats de cristal, & même s'il s'est éteint avant le début de la représentation il y avait tellement de lumière qui provenait de la scène qu'on pouvait continuer à voir, tout au long de l'opéra, les morceaux de verre vibrer avec la musique.

& j'ai eu comme un moment de nostalgie, parce que pour moi l'opéra c'est ma mère -- ma mère qui écoute & réécoute des disques chaque fois qu'elle repasse, les dimanches après-midi, depuis que je suis toute petite, & ma mère qui connaît toutes les histoires d'amours tristes que chantent les personnages.

Mais! J'ai aussi eu un moment de trèstrès grande joie, parce que je me suis aperçue que je comprenais infiniment mieux les sous-titres en russe que les paroles en italien. & ça c'est un signe, un grand signe d'amélioration langagière en bonne & due forme.




Ça fait cinq semaines que je suis ici & je sais déjà que je manquerai de temps pour faire tout ce que j'aurais envie de faire. Mais c'est comme ça, mais c'est pas grave. Il y a des choses qui m'attendent partout où j'irai, des couleurs vives de grandes joies de petites peines passagères, suffit de les trouver.



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