dimanche 7 juin 2009





Trois histoires sur la côte Salaberry :


1) C’est vendredi soir & je traîne Unaï & le Végétalien à Où vas-tu quand tu dors en marchant?. Il y a des ballons de lumière qui tracent un chemin dans Saint-Roch, qui montent jusqu’au parc Lucien-Borne, & moi je les suis avec de grands yeux avides. Le Végétalien est exactement de la même grandeur que moi & Unaï nous dépasse tous deux d’une tête parce qu’il fait dans, je sais pas, quelque chose comme six pieds six ; je me sens à la fois trop grande & toute petite. J’ai enroulé mon foulard autour de mon cou & j’y enfouie mon nez chaque fois que je ne trouve rien à dire.

Nous escaladons la côte Salaberry à petits pas lents. Il pluviote encore un peu & je me retourne un moment pour regarder les lumières de la ville briller dans l’air mouillé de la nuit. Le Végétalien me voit faire & s’indigne un peu contre toute l’urbanité qui gobe les forêts ; Unaï rit & dit que c’est beau & que c’est tout, rien d’autre pour ce soir s’il-te-plaît. Ils se chamaillent sans se prendre au sérieux & moi je traîne derrière en riant toute seule, les pieds mouillés dans mes sandales.


2) C’est un autre vendredi soir & j’ai dit au Végétalien que j’irais voir la projection de Home organisée par les Ami(e)s de la Terre. La côte Salaberry s’étire devant moi & je suis en retard, je suis toujours en retard quand je ne veux pas vraiment arriver quelque part. Je viens de me résoudre à faire irruption dans la salle après le début du film lorsqu’une voiture s’arrête à côté de moi. Un gars & une fille, tout un flot de musique reggae, on t’emmène en haut de la côte?. Je me glisse sur le siège arrière encombré. J’arrive à temps, tout juste.


3) Je travaille au Centre Frédéric-Back pour l’été & je me traîne le long de Salaberry tous les matins parce que je déteste à peu près tous les escaliers qui relient la Basse à la Haute-Ville. (S’ils sont en bois je récolte de longues échardes en faisant glisser ma main sur la rampe, s’ils sont en métal j’ai toujours cette image de moi les dégringolant parce que mon pied droit, seulement le droit, n’a pas su se cramponner à la marche.) Vers neuf heures & quart, je suis à cet endroit de la côte où on commence à pouvoir regarder le quartier en bas & je vois toujours la même fille — lunettes fumées, long toupette droit qui chatouille les sourcils, tasse à café isolante. Ses talons doivent claquer contre le trottoir, mais avec le trafic je ne les entends pas.




Puisque c’est le mois du show-offage : j’ai gagné un tout petit prix littéraire & je me suis fait chicanée par Marie Gignac parce que je ne me suis pas présentée à la cérémonie de remise. C’était un peu surréaliste.



2 commentaires:

  1. T'as gagné le concours d'écriture?
    Woah!

    T'as quand même pas gagné le voyage à avignon, non? Je serais un peu jalouse...

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  2. Oui, pour la nouvelle! Mais je pense que c'est le gars de théâtre qui s'en va à Avignon? (Je pense que Mme Gignac me l'a dit, mais j'étais trop impressionée par son agressivité ;p)

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