mercredi 10 juin 2009





La soirée est belle mais venteuse, & moi je vais à l’opéra avec ma mère.

J’ai de jolis souvenirs de dimanches après-midis où ma mère repassait des vêtements en écoutant ses disques d’opéra & en me racontant leurs longues histoires d’amours tristes — Madame Butterfly, Nabucco, Carmen. (C’est probablement pourquoi j’ai autant le sens du mélodrame dans mes histoires à moi.) J’aime les barytons, surtout, & je me suis tellement habituée aux envolées des sopranos que je ne comprends pas comment ça pourrait être criard. Mon père s’est déjà endormi lors d’une représentation, preuve que ça ne peut pas être si agressant que ça.

Je vais pour la première fois à l’opéra, avec ma mère, à Québec, à vingt-trois ans. Je fais à moi seule baisser la moyenne d’âge des spectateurs d’une bonne vingtaine d’années. Nous allons voir deux opéras courts, Pagliacci mais avant Cavalliera rusticana, celui de Godfather III, quand Sofia Coppola meurt dans l’escalier. Nous attendons un peu dans le hall, & ma mère me parle d’autres amours tristes — Maria Callas qui s’est laissée mourir de chagrin, Onassis qui n’a jamais aimé Jacky. Tout juste avant d’entrer dans la salle, elle me dit que c’est l’année passée qu’elle a commencé à se demander ce qu’elle faisait ici. Elle me le dit avec un grand sourire, comme si elle connaissait la réponse mais qu’elle ne pouvait pas me la dire, pas tout de suite.

L’opéra c’est mélodramatique mais grandiose, & le chant des choeurs fait résonner quelque chose dans ma poitrine.




& ces jours-ci, de jolies choses :

Une voiture passe sous ma fenêtre & on y écoute à plein volume ma chanson préférée de Robert Charlebois : Lindberg, que j’ai entendue pour la première fois au Pérou. (Of all places.)

Unaï a fait du pouce jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine (sauf la partie en bateau, s’entend) & c’est de là qu’il me téléphone, un dimanche soir, pour me dire un bonjour au R très roulé.

Je plante des fleurs devant la maison des jeunes de Saint-Sauveur ; je fais tout à peu près mais c’est quand même moi qui me ramasse avec quatre flots dans les pattes, à leur expliquer comment on doit s’y prendre. Le Végétalien me dit que c’est parce que je fais une imposteure très convaincante.

Je lis Borges en espagnol, sûrement pour contenter mon fond masochiste, & quand il pleut j’ouvre grand la fenêtre pour que l’odeur de l’eau se glisse entre les pages trop sèches.



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