vendredi 20 avril 2012




Je pédalerais jusque chez toi. J'extirperais mon vélo de son cadenas, je l'aiderais à naviguer les recoins de la cour intérieure & ceux de mon appartement, je le ferais maladroitement dévaler les trois marches qui séparent la porte du trottoir. La sangle du casque chatouillerait ma gorge & j'aurais comme quelque chose de coincé dans le larynx -- de petites trahisons qui passent mal, des erreurs encore toutes jeunes. J'enfourcherais le vélo & je me glisserais entre les voitures immobilisées dans le trafic & je pédalerais jusque chez toi.

Au bout du trajet il y aurait quelque chose de grand, peut-être.





J'écoute Émilie Proulx, j'écoute la radio, j'écoute la pluie qui écorche le sol bétonné de la cour intérieure ; j'ai la tête qui tourne à force d'être si triste & déçue & en colère & remuée & malmenée, tout ça en même temps, tout ça simultanément. Mes petites déchirures à moi sont happées par les grandes choses qui font les grands titres & je les laisse aller, je les laisse se fondre dans la masse. C'est correct.




5 commentaires:

  1. J'espère que t'es correct mademoiselle. Des fois les petites déchirures ça finit par faire des pas pire grands trous. Fais attention à toi.

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    1. Ma vie est pas très jolie de ce temps-ci, mais je me dis que ça va ben finir par finir.
      T'es gentille, Sophie.

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  2. Tu peux aussi écouter le dernier d'Avec pas d'casque. Ça répare rien mais ça fait passer le temps moins pire.

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    1. Je l'écoute pas mal en boucle aussi, & c'est vrai que le temps passe moins pire. Merci Anna.

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  3. Salut,
    ce mot parce que je te lis depuis quelques temps, et que j'aime ce que tu écris, même quand c'est sombre.
    Il y a des musiques qui me font comme remonter vers la surface, comme celle-là :
    http://youtu.be/3WviU7v-ArY
    Des fois la noirceur me quitte pour un rien : du vent dans les arbres, la lumière du soir sur les nuages, un regard croisé mille fois pourtant, un rire de gosse. Alors je me déplie, je respire, et je savoure le goût piquant de l'air. Je replongerai peut être, mais en attendant le monde est vivable et je suis vivant.
    Bonne route vers le mieux.

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