dimanche 1 mai 2011





Dans l'avion je lis Roberto Bolaño en écoutant Boards of Canada. Sinon je fais de longues listes de choses à faire une fois revenue à Québec & je bois le plus lentement possible la demi-tasse de café noir qui refroidit sur ma tablette. J'ai huit taches d'encre sur les doigts, huit exactement, parce que j'ai oublié que les stylos que je préfère sont aussi ceux qui m'éclatent dans les mains en plein vol.




Mercredi matin je prenais le train pour Paris, alors je me suis levée très tôt & j'ai regardé Toulouse. J'y ai vu :

Des filles qui font du vélo en jupe courte & qui pédalent en serrant les genoux pour ne pas qu'on aperçoive leurs sous-vêtements. (Souvent ça ne marche pas.)

Des milliers & des milliers de crottes de chien sur les trottoirs.

Les façades orangées des édifices, de cet orange qui tire sur le saumon & que tout le monde s'obstine à appeler rose.

La petite Garonne, gorgée par les pluies de la dernière fin de semaine, où les bouteilles de bière vides des lycéens & les vélos endommagés vont mourir.

Tous les livres que je n'aurai pas lus à la Médiathèque.

Toute l'angoisse, légère mais dévorante, que j'ai traînée à mon bureau de travail, que j'ai dissimulée sous mes papiers, enfoncée dans mes poches, glissée sous ma langue, mais qui s'est tout de même accroché à la peau de mes doigts, aux touches de mon clavier.

Le matelas à demi défoncé de ma chambre, les grandes portes-fenêtres d'où j'ai bu toute la lumière possible & imaginable, le cadre de la porte où tu t'es penché vers moi, les mains enveloppantes & la voix chaude, pour effleurer mes joues de tes longs cils & rire contre mes lèvres.




Au travail j'ai dit que j'étais venue pour le travail, aux douanes la même chose, même à mon éditrice & à mon directeur littéraire j'ai marmonné ouin la France, Toulouse, c'est pour un contrat, mais toi & moi on sait que ça a toujours été pour toi, & pour moi, & pas particulièrement pour le travail ; & moi je sais déjà que dans ma vie, toujours, toutes les choses grandes ou difficiles ou terrifiantes que je ferai seront faites pour des raisons trop compliquées à expliquer, ou trop simples, trop mielleuses à avouer.




Maintenant je reviens à Québec vivre avec Porcelaine & René-Chat, & j'attendrai même pas la fin de Bolaño pour inonder le Réseau des bibliothèques de Québec des dix-huit réservations auxquelles je rêve depuis février.



7 commentaires:

  1. Les raisons trop compliquées à expliquer sont les plus importantes. J'adore te lire...

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  2. Les bibliothèques de Québec se sont ennuyées de toi, j'en suis certaine!

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  3. Sardine : Je pense aussi. (..& j'aime aussi beaucoup te lire!!)

    Adèle : Je suis allée récupérer ma première réservation aujourd'hui à Gabrielle-Roy & je pense que le seul préposé masculin du comptoir des réservations me reconnaît encore. Victoire!! ;p

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  4. Bon retour !!
    j'ai tellement hâte de pouvoir enfin tenir ton livre dans mes mains:) Vivement le 19 !!!

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  5. Anonyme : Merci! ...& moi aussi je commence à avoir pas mal hâte de l'avoir entre les mains! ;)

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  6. J'ai tellement hâte à vendrediiiiii!

    J'ai presqu'envie de le garder en secret pour mon voyage aux îles mais je ne serai pas capable d'attendre jusqu'au 24 juin !!!

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  7. Bonjour Amélie !! J'ai ton livre dans les mains depuis mardi soir :) J'adore!! ton écriture est tout simplement délicieuse :) Je me force à ne pas le lire trop rapidement pour en savourer pleinement chaque phrase et ne pas le refermer trop vite. Bonne journée :)

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