mercredi 15 décembre 2010





Souvent pour me calmer j'énumère les choses qui méritent d'être décrites correctement, posément : les avant-midis de décembre où le soleil faible est bas dans le ciel, la chaleur du premier café qui s'échappe de la tasse en volutes légères, l'odeur rassérénante de Porcelaine, un mélange de cigarettes & de shampoing à la menthe, qui s'attarde dans les coussins du divan. Ça aide.




J'ai commencé à écrire parce que j'aimais lire, parce que j'aimais tellement lire que je voulais m'incruster dans les livres & leur coquille friable de mots & de papier & de silences gonflés, pleins à craquer d'histoires. Aussi parce que je voulais, que je veux encore vivre dans un monde où, à défaut d'être intelligibles, les choses sont bien dites. Bien écrites. Je sais pas si c'est seulement moi, je sais pas si je suis toute seule là-dedans, mais moi c'est pas vrai que j'ai commencé à écrire parce que j'avais des choses à raconter, trompettes pompeuses & roulement de tambours. Les choses que j'ai racontées & que je raconte sont entièrement ordinaires. Personne n'en a besoin. Alors écrire pour moi c'est très égoïste, ça m'a toujours paru très égoïste, presque honteux, certainement présomptueux -- un espèce de t'es qui toi, tu te prends pour qui? qui lâche jamais. Je pense qu'il me manque l'arrogance de croire que j'ai quelque chose à ajouter. Je pense que je peux pas être (ark que j'aime pas le mot qui s'en vient) une artiste sans le mélange d'insolence & d'audace & de suffisance, juste un petit peu, la suffisance, qui me chamboule chez certaines personnes & que je pourrai jamais, jamais avoir. Je pense que c'est une des raisons pour lesquelles j'ai un peu de misère, ces temps-ci.

J'ai un peu de misère parce que j'ai renvoyé le manuscrit corrigé au monsieur qui est mon directeur littéraire, & j'ai angoissé à l'idée qu'entre mes trois emplois à temps partiel j'avais sûrement réussi à botcher la job solide, & j'ai reçu les maquettes pour la couverture du livre, & j'ai trouvé ça extraordinairement, incroyablement joli, & je me suis demandée quand est-ce que mes affaires arrêteraient de marcher, quand est-ce que tout se déconcrisserait en même temps. C'est une chose que je veux depuis très longtemps & je suis encore convaincue que je vais réussir à bloquer le processus par la force de, je sais pas, ma propre insignifiance.

& je dis ça, mais. Je fais crissement pas pitié.




Aussi : je pars en France à la mi-janvier, à Toulouse, parce que j'ai un contrat comme chargée de projet là-bas pour trois mois & demi. J'ai hâte. & j'ai pas dit à personne, dans les huit cent cinquante deux entrevues que j'ai eu à passer pour avoir le poste, que dans dix jours il y a quelqu'un qui arrive, de Toulouse, & que c'est quelqu'un que j'aime beaucoup, & que mi-janvier nous repartirons tous les deux pour la même ville, presque en même temps.



2 commentaires:

  1. Allo Amélie ! je lis ton blog depuis un moment déjà et j'adore :) Tu écris vraiment de façon sublime et j'espère que tu donneras signe de vie pendant ton voyage en janvier :)

    la parfaite inconnue

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  2. Merci, c'est hyper gentil! ..& je donnerai trèstrès certainement signe de vie. ;)

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