dimanche 23 mai 2010





Finalement c'est Anna qui l'a retrouvé pour moi :

Abandonner n'est pas moins douloureux qu'être abandonnée. Seulement, l'abandon est un geste, un mouvement, une manière de voyager la douleur qui donne l'impression d'y échapper.

Jennifer Tremblay, Tout ce qui brille



Vu sur la rue St-Jean cet après-midi : de belles grandes filles qui marchent pieds nus sur le trottoir chaud, toujours les mêmes monsieurs bedonnants attablés près des fenêtres du Sacrilège, trois personnes que je connais en moins de quinze minutes parce que Québec, cibole, Québec, deux fillettes aux cheveux mouillés qui tanguent dangereusement du côté de la rue, une serveuse en pause qui fume sans enthousiasme une cigarette très mince, un couple qui s'embrasse goulûment dans l'entrée d'un dépanneur, un chien qui lèche avec application le poteau d'un lampadaire, dix mille fissures de trottoir dans lesquelles j'aurais envie de me couler, la vie qui continue.




J'ai le coeur engourdi & j'ai le coeur revêche & je respire par à-coups, jamais profondément, par peur de le réveiller & de le faire exploser, un coeur qui explose c'est un séisme un ouragan un raz-de-marée dans la cage thoracique. Moi j'ai besoin de vivre juste encore un peu léthargique, juste un peu en retard sur l'été, juste un peu en retard sur ma dégueulasserie de chagrin. C'est quand même pas beaucoup demander, je pense.



2 commentaires:

  1. Vos doigts sur le clavier créent des puits de lumière.

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  2. Je suis en train de me dire que c'est le plus beau compliment que j'aie jamais reçu. Merci merci.

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