samedi 18 avril 2009





Comme mon corps est encore à l’heure des Maritimes, je m’éveille le matin à six heures & demie, entortillée dans mes draps chauds. Souvent mes cheveux frisottent encore à contre-coeur & souvent j’ai cette migraine discrète qui demeure tapie dans ma tempe gauche, glisse le long du sinus, vient chatouiller une molaire. Mais c’est comme le reste, comme l’orgueil blessé & cette petite tristesse lancinante que je traîne : je me lève & je n’en parle pas, je fais le lit & ça s’estompe.




J’aime le National Geographic d’un amour que j’oublie souvent mais qui revient m’exploser au visage chaque fois que je glisse mes doigts sur les pages glacées d’un nouveau numéro. J’y suis tellement dévouée que j’arrive même à terminer les articles scientifiques sur des animaux toujours un peu gluants & toujours extrêmement menacés par la présence humaine (ce mois-ci : les grenouilles), qui seraient vraiment très faciles à oublier parce qu’ils sont placés en fin de numéro. En plus, le National Geographic me rend humble : je sais ce que le magazine pense de mon éducation, c’est-à-dire de mon ignorance, & je sais que la lecture d’un numéro m’offre toujours la possibilité de remettre en question mon intelligence.

Ce mois-ci, j’ai appris que Hatshepsout la pharaonne était grosse, que les citrons poussent (ou ne poussent plus) en Australie, & que Svalbard est un endroit qui existe en dehors des pages de la trilogie His Dark Materials.

Encore dans le registre des choses qui me font sentir toute petite : je lis les Chronicles de Bob Dylan, parce que je suis une groupie & parce que je suis curieuse, & c’est fascinant de voir à quel point un homme peut être doux & drôle & dur & arrogant & angoissé, toujours les yeux ouverts jusqu'à s’en donner le tournis.




Hier après-midi, mon curriculum vitae & moi-même sommes allés remplir une promesse à la journée portes ouvertes du Château Frontenac, c’est-à-dire : appliquer pour un poste de préposée aux mini-bars. (On a de l’ambition ou on n’en a pas.) Mes beaux plans d’un été à faire du dix-sept piasses de l’heure sans voir autre chose que des bouteilles de bière au prix gonflé ont cependant été contrecarrés par la Madame des ressources humaines qui m’a passée en entrevue. Après cinq minutes en ma charmante compagnie, elle a jugé que j’avais une très belle personnalité et elle a promptement recommandé ma candidature pour TOUS LES POSTES DE SERVICE À LA CLIENTÈLE.

Moi, essayant désespérément de m’en sortir : Ben, comme, tsé, pour la réception, je pensais qu’y fallait un cours?
La Madame, enthousiaste : Ah, mais on offre la formation ici! On encourage les jeunes talents!
Moi : ...formidable.

La suite la semaine prochaine, quand j’irai impressionner d’autres employeurs potentiels avec mon irrésistible charisme & mon sourire ravageur.



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