vendredi 8 janvier 2010





Mon Noël à moi, tout doux:

Le vingt-quatre décembre, dans la petite épicerie tenue par les Kazakhs qui vendent des oranges bioniques grosses comme ma tête, Dalida qui chante paroles, paroles & la caissière qui bat la mesure, ses faux ongles s'écorchant sur le comptoir de métal.

Encore le vingt-quatre décembre, je reçois un colis par la poste & c'est de Juillet & c'est un tout petit livre en papier recyclé, les feuilles reliées tout croche & l'encre bleue qui s'étend en pâtés, les mots maladroits, les fautes d'orthographe, les photos de sourires. Mon coeur grand comme ça dans ma poitrine.

Le vingt-cinq décembre, je travaille mais seulement après avoir festoyé avec la patronne & la secrétaire & Porcelaine, à boire du Campari à deux heures de l'après-midi & manger des petits fours noyés dans la crème sûre, la patronne qui offre une boîte de chocolats & du champagne, pas du champagne russe sucré mais l'autre, l'étranger qu'elle dit, plus amer, c'est bien celui que vous préférez?. Je donne mon cours peut-être pompette, peut-être juste un tout petit peu, & quand je rentre chez moi il y a une boîte de truffes sur mon oreiller, & il y a un peu de neige qui se faufile par la fenêtre entrouverte, & je me dis que tout ça, Moscou toute blanche du chocolat en cadeau une bouteille de champagne dans mon sac, tout ça c'est joli comme un poème.




Ensuite il y a eu ma dernière journée de travail, mes étudiants qui m'offrent d'autres boîtes de chocolat, les meilleurs chocolats russes au monde, & qui prennent de toutes petites voix paniquées lorsqu'ils apprennent que je reviendrai seulement en février, but you're coming back, right?. Puis le trente & un décembre sur la Place Rouge, à regarder les feux d'artifices éclater au-dessus du Kremlin avec un Croate grincheux & deux Russes & Porcelaine, Porcelaine avec qui je partage ma bouteille de champagne & qui me dit en m'embrassant sur les deux joues que de tout le monde que j'ai connu ici, suis crissement contente d'être avec toi pour le Nouvel An!

Puis Novgorod où je suis arrivée à six heures du matin, où l'eau de la Volkhov était plus chaude que l'hiver, où il y avait de longs filaments de brume qui couraient au-dessus de la rivière & où, dans l'air doux & presque intolérablement froid du petit matin, c'était d'une beauté délicate, inattendue.

Puis Saint-Pétersbourg où j'ai appris que Lhasa était morte alors j'ai écouté son dernier album à répétition, partout sur les trottoirs enneigés de la ville. Je préfère son deuxième disque, The Living Road, mais dans Lhasa il y a une mélancolie dans laquelle j'ai toujours un peu envie de me lover. Comme le goût d'être triste, d'être juste assez triste pour comprendre les chagrins qu'elle chante.




Sinon il y a le petit chien de la famille qui est tombé gravement malade juste après Noël, & elle était vieille, & maintenant elle est morte. Ma soeurette qui m'écrit tsé, je sais même pas si le paradis existe mais j'espère tellement tellement fort que le paradis des chiens existe, parce que elle il faut qui lui arrive de quoi de bien. Oui.



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